VERY BAD TRIP

Nicolas

a eu la syphilis a 18 ans une hépatite B à 20 et le SIDA  a 22. Aujourd’hui il vit en couple et a 2 enfants. Il a eu de la chance, sa syphilis a été traitée, son hépatite B a guérie toute seule et il a pu bénéficier à temps d’antis rétroviraux efficaces. C’était il y a longtemps. Nico  consommait des stupéfiants, se disait bi voire, avec humour, tri sexuel. Assurément  un jeune homme porté sur l’excès. A l’époque des « Nuits fauves » et avant internet il n’y avait pas d’information ni de prévention et encore moins de traitement contre le VIH. Aujourd’hui la mobilisation  des soignants et des usagers rendent  le renouvellement d’une telle histoire peu probable.

Une  large sous-estimation des conséquences de la pratique du Chemsex

Pourtant   encore aujourd’hui  Il y a une  large sous-estimation  de certaines conséquences de la pratique du Chemsex,  notamment des répercussions psychiques. L’utilisation de drogue cumulée avec le manque de sommeil et la multiplication de partenaires sexuels peut faire un cocktail détonnant.  Si certains tiennent  bien le choc au moins dans un premier temps, d’autres plus fragiles nous sont amenés en consultation anxieux, mutiques ou agités,  ne comprenant pas ce qu’il leur arrive.  En état de choc. Perchés. Pour eux une prise en charge strictement sanitaire est insuffisante et une prise en charge psychiatrique prématurée, ils ont juste besoin de sommeil, de quelques jours au calme, dans un environnement rassurant pour atterrir. On ne peut pas préjuger de la suite.

Le traumatisme psychique

est autant d’ordre symbolique que physique ou chimique, mais si les maladies se soignent et les drogues se pissent, réparer les dégâts symboliques est un peu plus compliqué.

Dans le chemsex,  

plusieurs barrières symboliques structurantes pour le psychisme  sont abolies, celles qui séparent le public du privé de l’intime.  Ces barrières, dont chacun est libre de s’affranchir pour lui-même,  sont si nécessaire qu’en ce qui concerne autrui, quel que soit le pays ou l’époque, des lois les protègent.

Si faire du sexe à fond la caisse avec des inconnus est pour certains une activité émancipatrice d’autres, qui n’ont pas cette désinvolture,  peuvent être déstabilisés. Quand on s’affranchit de certains  repères on risque d’être  paumé. Un peu ce n’est pas désagréable beaucoup c’est moins drôle.